Auteur :
Dr Ian Borg
Ministre, Ministry for Transport, Infrastructure and Capital Projects, gouvernement de Malte
Date : 25.11.2021
Lecture : 6 min.
C’est un grand honneur pour moi de vous adresser quelques réflexions à l’occasion de la Présidence maltaise du Groupe des ministres des transports de la Méditerranée occidentale – GTMO 5+5 pour les deux prochaines années. Je profite de l’occasion pour remercier toutes les présidences précédentes pour leur contribution au fil des ans, et bien sûr la Présidence mauritanienne pour son bon travail et ses efforts au cours de ces derniers mois très difficiles, sans oublier le Secrétariat technique, le CETMO, qui soutient notre coopération.
Nos réunions nous offrent un forum important pour discuter de nos défis communs, pour explorer les opportunités et la coopération en Méditerranée occidentale. En tant que décideurs promouvant la diversité d’opinions et de cultures, c’est l’occasion de se rencontrer et d’échanger des idées et des idéaux et d’explorer les voies qui mènent à un régime de transport plus rationnel qui améliore les économies grâce aux investissements et à la création d’emplois.
Grâce aux initiatives du GTMO 5+5 à travers diverses études, y compris la participation à des forums sur le transport dans l’UE et dans d’autres forums internationaux, et grâce à la collaboration à notre niveau régional, des plans de transport tenant compte de nos besoins ont été élaborés, ce qui a conduit à la planification et à la mise en place d’importantes infrastructures de transport. Malte soutient pleinement cette collaboration, qui constitue un résultat important du processus de Barcelone.
Afin d’aborder la question de la connectivité des transports en cette période difficile où le secteur des transports est encore en train de surmonter les conséquences de la pandémie, et où l’ensemble du secteur cherche à devenir plus durable sur le plan environnemental, nous aurons besoin d’une approche multidisciplinaire avec des solutions pour l’ensemble de notre région. Au cours de cette période, le précieux travail technique de nos experts et du CETMO sera crucial pour nous guider et pour que le secteur des transports en Méditerranée sorte de la crise du Covid, plus efficace, plus résilient et mieux équipé, pour contribuer à la réduction des émissions et ainsi répondre aux enjeux climatiques dans notre région.
C’est pour cette raison que Malte a choisi comme thème de sa présidence le «Renforcement de la connectivité avec les pays africains du GTMO dans le cadre européen ».
Les liaisons de transport dans notre région doivent encore évoluer, afin de suivre le rythme imposé par nos économies qui exigent désormais de nouveaux délais pour la livraison des marchandises, non seulement dans l’industrie, mais aussi pour faire face à l’évolution des achats en ligne de masse. Ces changements ont entraîné la nécessité d’une logistique plus efficace, le besoin de liaisons intermodales entre le producteur et le consommateur devenant plus pressant. Nous avons maintenant la possibilité d’examiner ces chaînes d’approvisionnement et d’identifier les maillons les plus faibles afin d’y remédier, car il est probable que les habitudes de consommation acquises pendant la crise du Covid soient là pour durer. Les industries du transport, qui sont aujourd’hui synonymes de chaînes logistiques intermodales, continuent de servir nos économies nationales en impliquant les opérateurs de transport et les utilisateurs de transport.
En effet, pendant la pandémie, notre expérience à Malte a montré que si la mobilité des personnes s’est pratiquement arrêtée, les opérations logistiques de fret ont résisté et ont livré des médicaments et des fournitures générales de manière urgente. Cela ne signifie pas pour autant que c’était le cas partout et nous n’avons pas effectué d’ajustements dans nos opérations pour permettre la poursuite de ces mouvements de fret. Au contraire, les statistiques révèlent une baisse de 35 à 40 % des marchandises traitées par les ports de la Méditerranée en raison de la réduction substantielle des principaux transporteurs.
Bien sûr, il ne fait aucun doute que les secteurs de l’aviation et des croisières, si importants pour notre connectivité et pour la mobilité des personnes, notamment pour le tourisme, ont été les plus touchés par la pandémie, les compagnies aériennes ayant subi des pertes financières vertigineuses se chiffrant en milliards d’euros. À ce stade, alors que nous essayons tous d’inspirer confiance aux passagers, il est essentiel de veiller à ce que ces secteurs importants se préoccupent également de leur durabilité. De nouvelles améliorations de la navigation aérienne dans notre région ainsi que l’utilisation de carburants durables pour l’aviation, l’utilisation de l’électricité côté piste et pour le bateau à quai, pourraient contribuer à rendre les transports plus écologiques. Bien sûr, même si nous parlons de transport, un moteur essentiel pour nos économies, nous nous intéressons également aux impacts sociaux et au développement durable et il est important ici d’adopter une approche ascendante afin de s’assurer que toutes les voix sont entendues. Je tiens à féliciter l’IEMed et le CETMO pour avoir coordonné et contribué aux réflexions très instructives figurant dans la publication « Mediterranean Transport and Logistics in a Post-COVID-19 Era: Prospects and Opportunities » qui présente différentes appréciations quant aux problèmes de transport actuels auxquels notre région est confrontée.
Au niveau régional, nous devons veiller à ce que les processus de numérisation et de décarbonisation en cours, aujourd’hui plus que jamais, soient gérés plutôt qu’ interrompus, afin de donner à nos économies l’élan nécessaire à une reprise indispensable tout en intégrant ces importantes transitions.
Bien sûr, il s’agit là de processus récents et d’autres améliorations du transport restent néanmoins pertinentes. Je fais ici référence à l’importance des normes qui suivent l’évolution de la technologie et de l’innovation, à la législation qui fournit le cadre approprié pour équilibrer les droits et les obligations des parties prenantes concernées, aux pratiques de travail, à la sûreté et à la sécurité, autant de domaines très importants qui doivent être traités.
Dans ce processus, nous travaillons bien sûr aussi dans un contexte mondial, nous ne nous rendrions pas service si nous ne tenions pas compte des développements au niveau européen et international. Au niveau européen, le paquet de mesures « Fit for 55 » adopté par la Commission européenne en juin 2021 vise à rendre les politiques européennes en matière d’énergie, de climat, de transport et de fiscalité aptes à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990, afin d’atteindre la neutralité climatique en 2050. Au niveau international, l’OACI et l’OMI adoptent des normes mondiales dans le but de réduire les émissions liées aux transports à l’échelle planétaire.
L’augmentation constante de la participation du secteur privé dans les transports est la clé d’une plus grande efficacité et, surtout, d’une plus grande efficience.
C’est dans ce contexte que se déroulera notre travail au cours des prochains mois et nous sommes fermement convaincus que seule une collaboration étroite au niveau régional nous permettra d’aider tous les secteurs du transport à sortir de la récession actuelle et à entreprendre les changements nécessaires. Dans ces transitions importantes, les gouvernements doivent définir clairement les politiques et agir comme des catalyseurs tout en sollicitant des solutions de la part de l’industrie. L’augmentation constante de la participation du secteur privé dans les transports est la clé d’une plus grande efficacité et, surtout, d’une plus grande efficience. C’est dans cet esprit que Malte soutient les initiatives des conclusions qui nous sont présentées aujourd’hui.
C’est une progression naturelle des événements que des initiatives similaires aux nôtres, couplées et complétées par des projets dans le domaine des transports dans le cadre de la Déclaration de Barcelone, du Forum EuroMed Transport qui a conduit au Plan d’Action Régional de Transport et à l’institution de l’Union pour la Méditerranée, continuent à recevoir le soutien de nos gouvernements et celui de l’Union européenne et de l’Union du Maghreb arabe. Nous nous félicitons de la poursuite de la coopération étroite du GTMO 5+5 avec l’Union pour la Méditerranée, car cela ne peut que conduire à la maximisation des synergies et évitera la duplication des efforts.
Il est essentiel que nos initiatives continuent à prendre en considération et à compléter les projets similaires entrepris à ce jour par les différents forums déjà mentionnés, afin d’assurer la cohérence et la continuité et de capitaliser davantage sur les ressources existantes. Nous attendons également avec impatience les précieux commentaires du Forum International des Transports, suite à leur participation pour la première fois à la Conférence ministérielle GTMO 5+5.
Malte soutient pleinement le Relevé des conclusions adopté lors de la 10e conférence des ministres des Transports des pays de la Méditerranée occidentale, car nous sommes convaincus que les initiatives, conclusions et recommandations proposées contribuent efficacement à une meilleure compréhension entre les décideurs politiques et les parties prenantes de l’industrie, et à la poursuite de leurs efforts pour établir des mécanismes législatifs et opérationnels dynamisant les différents secteurs du transport.
Nous sommes bien équipés et nous avons mis en place une collaboration avec d’importantes parties prenantes internationales qui participent également au GTMO 5+5, afin que nous puissions nous appuyer sur le travail déjà accompli.
Enfin, de notre côté, Malte confirme son engagement durant sa présidence au sein du GTMO 5+5, si essentiel pour le développement des connexions de transport dans notre région méditerranéenne.
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